Quelle est l’ampleur du problème de la résistance aux fongicides au Canada ?
Bien que la résistance aux fongicides soit loin d’être un problème aussi important que la résistance aux herbicides concernant l’impact économique, l’utilisation des fongicides a beaucoup augmenté au cours de la dernière décennie. Puisque nous disposons d’un nombre limité de groupes de fongicides, en tant qu’industrie, nous devons vraiment être proactifs et gérer ces outils avec soin afin qu’ils soient disponibles à long terme. L’objectif final est de mettre en place des systèmes de culture durables.
Comment les agriculteurs canadiens peuvent-ils mieux gérer la résistance à la maladie ?
La première étape consiste à comprendre les trois facteurs clés qui contribuent au risque d’apparition de la résistance. Souvent, les pointes d’un triangle représentent ces risques : 1. Risque de maladie ; 2. Risque lié aux fongicides, et 3. Facteurs agronomiques. Fréquemment, les conditions météorologiques et la présence de l’agent pathogène déterminent le risque de maladie. Pour réduire votre risque de maladie, vous devez gérer les deux autres éléments du triangle du risque. Cela implique d’utiliser des pratiques agronomiques. Elles favorisent la santé des plantes et le choix stratégique des fongicides visant à réduire les risques de maladie et de résistance.
Comment les agriculteurs peuvent-ils commencer à mettre en place une stratégie de gestion de la résistance ?
D’abord, la gestion de la résistance exige de s’assurer d’utiliser tous les outils disponibles. Le premier outil, c’est l’utilisation d’une semence porteuse d’une résistance génétique aux maladies, puis d’y superposer d’autres techniques de gestion. La rotation des cultures suit. Ce deuxième outil profite du fait que nous avons de bonnes rotations en place dans l’est et l’ouest du Canada. Le troisième outil, celui du maintien de pratiques culturales intelligentes rend un champ moins attrayant pour les maladies. Le fongicide est le quatrième et dernier outil à envisager. De cette façon, vous vérifiez toutes les cases avant de décider si vous devez pulvériser un champ.
Quels facteurs les agriculteurs doivent-ils prendre en compte avant de pulvériser un fongicide ?
Au moment d’envisager l’utilisation d’un fongicide, examinez d’abord vos cultures champ par champ pour évaluer le risque. Certains peuvent avoir des antécédents de maladie, tandis que d’autres présentent un risque relativement faible. Il s’agit d’être un bon gestionnaire et de s’assurer de la rentabilité de l’investissement dans un fongicide. La météo est un autre facteur important. Retenons le vieux dicton « tout ce qui brille n’est pas or ». Notons que les maladies fongiques raffolent des mêmes conditions de pluie et d’humidité qui produisent des cultures luxuriantes et à haut rendement. C’est pourquoi vous devez constamment garder l’œil ouvert pour les maladies. En particulier dans le cas d’une culture de soya ou de canola, vous ne pouvez pas « céder l’avance » ni à la moisissure blanche ni à la pourriture sclérotique. Une fois la maladie est présente dans votre champ, il est souvent trop tard.
Résistance aux fongicides, bonnes pratiques de gestion (BPG)
1. Utiliser des pratiques agronomiques qui favorisent la santé des plantes
Utiliser des variétés ou des cultivars résistants aux maladies qui posent des problèmes dans votre région.
Connaître les conditions environnementales qui contribuent au développement des maladies et être au fait des problèmes de maladies des années précédentes.
Effectuer une rotation de cultures pour réduire les populations d’agents pathogènes.
Réduire le stress de la culture en optimisant la date de semis, en semant à la bonne profondeur, en utilisant des semences de haute qualité, en contrôlant les autres parasites et en minimisant les dommages causés par les herbicides.
Utiliser si possible des traitements de semences de qualité pour une protection précoce contre les maladies.
2. Évaluer la nécessité de lutter contre les maladies
Évaluer le niveau de risque de maladie dans votre culture pour cette année en fonction de facteurs agronomiques (par exemple, le type de culture et son stade), des problèmes de maladie des années précédentes et des conditions environnementales de l’année en cours.
Comprendre le risque de la maladie cible, car les agents pathogènes comptent différents niveaux de risque en ce qui concerne le développement de la résistance.
Faire du dépistage dans les champs pour identifier les problèmes, les évaluer tôt et souvent. Déterminez correctement le niveau de risque de maladie avant de décider si des fongicides sont nécessaires.
Si la situation présente un risque élevé de maladie sur la base de facteurs agronomiques et environnementaux, des applications fongicides très précoces peuvent être bénéfiques pour empêcher les populations de devenir incontrôlables.
3. Choisir stratégiquement les fongicides
Utiliser des fongicides étiquetés pour combattre les maladies qui menacent le rendement de vos cultures.
Faire une rotation des groupes de fongicides au cours d’une saison de croissance et entre les saisons de croissance, soit par des mélanges en réservoir, soit en alternant les pulvérisations avec des fongicides aux modes d’action différents, mais agissant sur la maladie ciblée.
Mélanger les fongicides : l’association de deux ou plusieurs fongicides ayant des modes d’action différents contre l’agent pathogène ciblé, appliqués en mélange aux doses recommandées selon les indications de l’étiquette. Cette mesure peut retarder l’apparition de la résistance.
4. Maximiser l’efficacité des fongicides
Consulter l’étiquette du produit afin de connaître le moment le plus efficace pour pulvériser.
Que la maladie soit au niveau des feuilles, des semences ou des tubercules, porter attention aux techniques de pulvérisation appropriées et aux volumes d’eau adéquats au moment d’appliquer des fongicides.
Pour obtenir d’autres bonnes pratiques en matière de gestion de la résistance aux fongicides, veuillez consulter le site « Gérer la résistance maintenant »